Aperçu historique
Extrait de l'ouvrage Charles SCHAACK . Les Luxembourgeois Soldats de la France, 1792-1815, Publications de la Section Historique, Luxembourg, volumes LVII et LVIII, édition 1909, volume I, pages V,VI et VII :

AVANT-PROPOS

A un moment où tout concourt, semble-t-il, à faire disparaître dans un oubli sans retour les glorieux souvenirs payés si cher par nos soldats qui ont servi la France sous la première République et sous l'Empire, nous avons cru bien faire de mettre en lumière le mérite de ces braves dont le nom, comme souvent aussi le sang, fut mêlé aux fastes de la grande épopée napoléonienne.

Aujourd'hui surtout que la mort a fauché jusqu'aux derniers survivants d'une époque à jamais mémorable, n'est-il pas de notre devoir - à nous, leurs héritiers directs - de conserver aux générations à venir le legs d'honneur de nos aïeux et de leur faire connaître dans la mesure du possible quels faits consacrèrent alors aux yeux de l'Europe attentive l'ancien renom de bravoure et de générosité du soldat luxembourgeois.!

C'est pourquoi, dans la relation qui va suivre, nous nous sommes efforcé d'exposer les faits militaires de nos jeunes gens d'alors, tels que nous les ont révélés des pièces et papiers militaires trouvés dans les mortuaires; tels aussi qu'ils se trouvent consignés, tant aux Archives du Ministère de la Guerre et de la Grande Chancellerie de la Légion d' Honneur, que dans les contrôles matricules de certains régiments, conservés aux Archives nationales de Paris, et dans les listes de conscription déposées aux Archives du Gouvernement Grand-Ducal à Luxembourg. Grâce à ces sources authentiques et précieuses, nous avons été, plus d'une fois, à même de réduire à leur juste valeur des récits fantastiques, ou les souvenirs du grand-père ne se mêlaient que confusément aux imaginations enthousiastes de l'enfant.

La première partie du présent ouvrage s'occupera exclusivement des états de service de nos compatriotes à qui un heureux destin permit de revoir leurs foyers paternels et dont la vie s'acheva paisiblement au sein de leur famille. Au premier chapitre on trouvera la liste complète de nos vieux grognards qui eurent le bonheur d'être gratifiés des faveurs du décret impérial du 12 août 1857, instituant la médaille commémorative de Ste Hélène.

Malheureusement pour ceux de nos vétérans qu'une mort prématurée ne laissa plus jouir du legs de leur Grand Empereur, il est aujourd'hui difficile, nous pourrions presque dire impossible, de fournir un travail tant soit peu complet. Le temps, joint à l'indifférence, a fait son oeuvre; et trop souvent hélas! le souvenir de leurs actions d'éclat a suivi de près dans la tombe et l'oubli ces braves vétérans.

Nous osons espérer toutefois que le lecteur nous saura gré d'avoir réuni leurs noms dans un second chapitre, en y joignant, comme pour les premiers, le relevé aussi complet que possible des états de service de chacun d'eux.

La seconde partie est consacrée aux mânes |morts| de ces infortunés jeunes gens, qui , tout guillerets, quittèrent foyers et parents, ne rêvant que succès et gloire, et à qui un cruel destin barra définitivement le chemin de retour. Longtemps on les pleura comme des disparus de la grande tourmente, sans avoir pu jamais arriver à déterminer le sort final qui avait été réservé à leur jeune et généreuse existence.

C'est un heureux hasard, dû à un déplacement momentané de quelques rayons d'archives au Ministère de Guerre à Paris, qui a récemment permis de soulever ce voile funéraire, pour laisser sortir d'une poussière presque séculaire des tas immenses d'extraits mortuaires dressés en conformité de l'article 95 du Code Napoléon. Il n'est pas à méconnaître que la rédaction de tous ces extraits ne soit d'une régularité vraiment surprenante, vu surtout les circonstances dans lesquelles il fallait le plus souvent les dresser. Malheureusement par la force même des choses , la formalité essentielle fut le plus souvent négligé: l'acte de décès une fois dressé, l'extrait ne fut point envoyé à l'officier de l'état civil du dernier domicile du décédé.

Et dire que, durant cette période, quatre millions et demi d'hommes sont tombés sur les divers champs de bataille d'Europe pour laisser, en 1815, une France plus petite et moins forte que n'avait été celle de 1790! L'Espagne fut le tombeau de la plupart des vieux soldats; ce qui en restait, périt presque entièrement dans les neiges de la Russie. Des 1.200.000 hommes qui furent levés en 1813, il n'y en avait, en 1814, pour défendre le sol de France, qu'une centaine de mille, en sus de la Garde.

Extrait du volume I, page 3 ss:

Le décret de la Convention nationale du 9 vendémiaire an IV ( 1er octobre 1795)

qui réunit au territoire français le Duché de Luxembourg sous la dénomination de Département des Forêts, eut pour conséquence de nous faire subir les lois du vainqueur. Si jusqu'alors les gouts militaires de certains de nos jeunes gens les avaient poussés à s'enrôler sous les drapeaux français, il n'en devait plus être ainsi dans la suite: désormais le recrutement devait se faire dans le Luxembourg tout comme dans n'importe quel département de la France.

Dès le 19 nombre 1795, on commença à organiser, dans le Département des Forêts, la gendarmerie, et, peu de temps après sa constitution définitive, c'est-à- dire à partir du 17 avril 1797, ce corps d'élite se recruta presque exclusivement dans la jeunesse du pays.

Le 21 août 1798 parut le décret établissant la conscription.

Ce mode de recrutement prescrivait que tout François, sans exception, depuis l'age de 20 ans à 25 ans accomplis, serait appelé à la défense de la patrie toutes les fois qu'elle serait en danger.

Cependant, un règlement du 17 ventôse de l'an VIII ( 8 mars 1800), admit le remplacement, en décidant que " tout Français âgé de 18 ans au moins et de 40 ans au plus, d'une taille de 5 pieds et 1 pouce au moins ( 1.65m ) jouissant d'une constitution forte et d'une santé robuste , et qui n'est soi-même ni réquisitionnaire ni conscrit, peut être admis comme suppléant.

Les totaux des appels faits de 1791 à 1814 s'élevèrent à 4.446.000 hommes et ce , en dehors des 753 bataillons de volontaires formés de 1791 à 1802.

Extrait du volume I, page 35 ss

La Légion d'Honneur.

La loi portant création d'une Légion d'Honneur est du 29 floréal de l' an X, (19 mai 1802).

L'article I du titre premier est conçu comme suit:

" En exécution de l'article 87 de la Constitution concernant les récompenses militaires, et pour récompenser aussi les services et les vertus civiles, il sera formé une Légion d'Honneur.

L'article I du titre deux porte:

Sont membres de la Légion, tous les militaires qui ont reçu des armes d'honneurs.

Pourront être nommés:

les militaires qui ont rendu des services majeurs à l'Etat dans la guerre de la Liberté;

les citoyens qui par leur savoir, leurs talents, leurs vertus, ont contribué à établir ou à défendre les principes de la République, ou fait aimer ou respecter la justice ou l'administration publique. "

Extrait du volume I, page 40 ss :

Dotation des 6.000 militaires.

Le 1 avril 1810 eut lieu, au château de St.Cloud, la cérémonie du mariage civil de Napoléon I avec Marie-Louise d'Autriche, suivie, le lendemain, du mariage religieux dans une chapelle du Louvre. Ce fut une fête vraiment populaire; Paris se livra à la joie, et le mouvement d'allégresse publique se communiqua aux villes les plus reculées de l'Empire. ...

Napoléon, en effet, en vue d'ériger dans toute la France des "monuments durables de cet événement à jamais mémorable" s'était souvenu de ses frères d'armes et avait confié, par son décret du 25 mars 1810, à 6.000 retraités le soin de perpétuer dans leurs foyers le souvenir du mariage de leur grand Empereur. ...

Ce décret , sous son titre 4 , porte les dispositions suivantes:

Du Mariage de 6000 Militaires.

Six mille militaires en retraite, ayant fait au moins une campagne, seront mariés le 22 avril prochain avec des filles de leurs communes, auxquelles il sera accordé une dot de douze cents francs pour Paris , et de six cents francs dans le reste de l'Empire....

Au volume I, pages 47 et suivantes , sont publiés les mariages célébrés dans la Ville et de l'Arrondissement de Luxembourg. (voir sous E - Annexes E1 du présent travail).

Extrait du volume I, page 59

La Médaille de Sainte-Hélène.

Le décret impérial du 12 août 1857, promulgé le 1 septembre suivant, accorda une médaille commémorative à tous les militaires français et étrangers des armes de terre et de mer qui avaient combattu sous les drapeaux de la France, de 1792 à 1815.

(répertoriés sub MED dans la rubrique qui suit).

Qu'il me soit permis de citer ad hoc l'ouvrage, d'une qualité exceptionnelle, de Jacques DOLLAR : Napoléon et le Luxembourg, Imprimerie St. Paul, Luxembourg, édition 1979:

Extrait page 13 :

... Lorsque le décret impérial du 12 août 1857 accorda la Médaille de Sainte-Hélène aux survivants des compagnons de gloire de Napoléon I, beaucoup de ceux qui eurent la chance de rentrer au pays, n'étaient plus de ce monde. Le fait que plus de 770 Luxembourgeois en firent encore la demande , l'avaient obtenue et l'avaient portée fièrement, ...

PS: En guise de conclusion: nous ne connaissons pas le chiffre exact des conscrits luxembourgeois, tenons nous à ceux répertoriés ci-après.

Des fautes et des incorrections sont inévitables. Le cas échéant, le lecteur pourrait me faire parvenir ses corrections et/ou ajoutes. Merci d'avance.

Norbert HAMES, Luxembourg E-Mail: info@roots.lu 

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